Sans doute Cry Macho ne restera-t-il pas comme le chef-d’œuvre de Clint Eastwood. Rien ne va de soi dans ce quarantième long-métrage du cinéaste vétéran, entre un scénario qui ne tient pas vraiment la route, un ton globalement anachronique ou une interprétation souvent hasardeuse. Défauts évidents qu’il ne s’agit pas de contester, sauf à faire preuve d’une bonne dose de mauvaise foi. Mais le film ne se joue pas entièrement dans cette facture très premier degré, il est vrai assez ingrate, qui correspond aussi à l’empressement avec lequel Eastwood enchaîne les films depuis dix ans, en laissant certains à l’état d’ébauche (Le 15 h 17 pour Paris, 2018). Cry Macho est tout ce qu’on veut : un film bancal, boiteux, décalé. Mais il sait aussi, en filigrane, se montrer irrésistible, et même par moments bouleversant.
Tiré d’un roman de N. Richard Nash, son argument revient de loin : il se situe dans les années 1979 et 1980, un peu avant que l’acteur-réalisateur a envisagé une première fois de le tourner, avec Robert Mitchum dans le rôle principal. Quarante ans plus tard, Eastwood, qui se trouvait trop jeune à l’époque, a désormais assez de bouteille pour reprendre en main le rôle de Mike Milo, un ancien champion de rodéo déchu suite à une mauvaise blessure au dos, en deuil d’une femme et d’un fils morts dans un accident de voiture. Vivant seul dans son ranch texan, il se voit confier par son ex-patron la mission d’aller récupérer de l’autre côté de la frontière mexicaine son fils de 13 ans, Rafael dit « Rafo » (Eduardo Minett), sous la coupe d’une mère despotique (Fernanda Urrejola). Sur place, Mike découvre un gamin en rupture de ban qui verse dans les combats de coqs clandestins avec sa propre mascotte nommée « Macho ». Bon gré mal gré, le vieil homme l’embarque avec le volatile dans sa camionnette pour un voyage de retour mouvementé, avec à leurs trousses police fédérale et hommes de main.
Moins que crédible, Cry Macho déploie une fable naïve sur la transmission et les mirages de la filiation, coulée dans les atours d’une modeste série B marquée par un humour débonnaire. Etonnamment, cette forme délibérément mineure est celle que se choisit Eastwood pour signer un véritable film-bilan, à mille lieues des grandes orgues testamentaires. Cry Macho revisite à sa façon, légère et picaresque, certains standards eastwoodiens : la virée du vieillard au Mexique ne va pas sans évoquer La Mule (2018), sa course avec un enfant l’inoubliable Un monde parfait (1993), la comédie animale des incartades potaches de Doux, dur et dingue (1978), de James Fargo, les grands espaces se gonflant quant à eux de ses nombreux apports au genre western.
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