Dans son dernier roman publié, La Clarinette (Seuil, 2015), un livre sur la mort de son éditeur de toujours Jean-Marc Roberts et le coma de son pays, la Grèce, en crise économique aiguë, Vassilis Alexakis raconte à son ami une histoire pour le distraire.
« J’ai reçu à Athènes la lettre d’une femme qui me croit mort », lui explique-t-il. L’épistolière fait l’éloge de ses derniers livres. « Mais vers la fin de sa lettre, elle présente ses condoléances à ma femme car elle vient de découvrir que je ne suis plus de ce monde. Elle a l’air sincèrement navrée de ma disparition. » La correspondante peut reprendre sa lettre. Vassilis Alexakis est bien mort, lundi 11 janvier, à l’âge de 77 ans, a annoncé son éditeur grec Metaixmio.
La mort est omniprésente dans son œuvre. Mais il la prend plutôt à la légère qu’au tragique. « La mort l’amuse », constatait son ami l’ethnologue Jacques Meunier, dans un portrait qu’il lui avait consacré dans Le Monde en 2000.
« Quand j’étais petit, je pensais que les morts nous regardaient du haut du ciel. Je croyais que les étoiles étaient leurs cigarettes allumées. Et quand je voyais filer une étoile, je me disais : “Tiens, il y a un mort qui vient de jeter son mégot pour aller dormir” », écrivait ce fumeur invétéré le 5 octobre 1981, dans un billet qu’il faisait parfois dans Le Monde, où il avait commencé à travailler comme pigiste en 1969.
Matériau autobiographique
Né à Athènes le 25 décembre 1943, il a quitté la Grèce au début des années 1960 pour suivre les cours de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille. Il repart à Athènes peu après mais revient après l’instauration du régime des colonels, qui transforme le pays en dictature de 1967 à 1974. A son retour à Paris, il travaille pour La Croix puis Le Monde, tout en réalisant des dessins de presse. Il aimait encore faire des dédicaces dessinées à ses lecteurs. Une petite fleur en couleur sous des nuages gris pour La Clarinette, un temple de Delphes et sa lettre Epsilon pour La Langue maternelle (Fayard, 1995).
Il n’aimait pas travailler à la chaîne et prenait son temps, même lors de séances de dédicaces souvent fastidieuses pour les auteurs, pour dessiner et pour parler. Il aimait discuter, questionner et s’amuser. Il était curieux de tout quand il se lançait dans un roman, et se documentait sur l’homo sapiens pour Le Premier Mot (Stock, 2010), le mont Athos pour Ap. J.-C. (Stock, 2007), allant jusqu’à apprendre la langue centrafricaine sango pour Les Mots étrangers (Stock 2002). Son répondeur parisien expliquait qu’il était absent, en français, en grec et en sango.
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