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Des origines troubles, un médaillon mystère et un acheteur anonyme : sur la piste du Botticelli vendu 92,2 millions de dollars - Le Monde

Le « Portrait de jeune homme tenant un médaillon » de Sandro Botticelli est ici exposé chez Sotheby’s, à New York, le 22 janvier.

A New York, jeudi 28 janvier, la maison de vente Sotheby’s a obtenu 92,2 millions de dollars (76 millions d’euros) de Portrait de jeune homme tenant un médaillon, un tableau peint, affirme-t-elle dans un catalogue qui lui est spécialement consacré, par Sandro Botticelli (vers 1444-1510), dans les années 1480. L’œuvre appartenait au magnat de l’immobilier Sheldon Solow (1928-2020) et le produit de la vente est, selon le New York Times, destiné à financer le musée privé à New York qui abrite ses collections, l’homme ayant été féru d’art moderne.

On suppose que l’acheteur est russe, dans la mesure où l’enchère victorieuse a été portée par une intermédiaire, Lilija Sitnika, qui travaille pour Sotheby’s Londres et a précisément la charge de cette clientèle-là. C’était déjà un Russe qui avait payé en 2013 le plus haut prix pour un Botticelli, 10 millions de dollars : une Vierge à l’enfant, très abîmée, mais qui avait appartenu à Rockefeller. Il est demeuré anonyme, tout comme l’actuel.

C’est donc le deuxième plus haut prix obtenu pour un tableau de la Renaissance, après le record obtenu pour le Salvator Mundi (450,3 millions de dollars en 2017), attribué à Léonard de Vinci, ce que beaucoup contestent. Ce que tous ou presque admettent cependant, c’est qu’il a été tellement – bien – restauré qu’il ne subsiste pas grand-chose de l’original, quel que soit son auteur.

Doutes sérieux sur son attribution

Le résultat pour le supposé Botticelli est d’autant plus remarquable que les enchères n’ont réellement opposé que deux clients, le second, selon Sotheby’s, étant originaire d’Asie. Or, ce genre de trophée est habituellement plus convoité et plus disputé, spécialement quand il bénéficie d’une campagne de promotion internationale comme ce fut le cas de celui-ci, exposé avant la vente à Los Angeles, Londres et Dubaï. Peut-être faut-il voir là un effet des doutes sérieux qui planent sur son attribution.

Car avant de s’extasier, ou de s’indigner, devant la confortable plus-value générée par cette vente (Sheldon Solow l’avait acquise chez Christie’s en 1982 pour 1,3 million de dollars), il convient de rappeler que l’attribution à Botticelli est relativement récente. Certes, l’œuvre fut prêtée à de grands musées, comme la National Gallery de Londres ou le Metropolitan Museum de New York, et aussi à de nombreuses expositions itinérantes, mais, à l’exception notable de Lord Kenneth Clark, de la National Gallery, connu pour ses attributions enthousiastes et qui lui en donnait sans hésiter la paternité, le reste de la profession était plus prudent.

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